Travail de notre TCF Michel J. de la RL Les Philalèthes (Tenue le 3ème mardi dans notre temple).

Bièvre : Légende de Marcel, Evêque de Paris

A.L.G.D.G.A.D.L.U.

Qu’il me soit permis, en préambule, de vous remercier, et d’évoquer ici le titre distinctif « Le Pilier des Nautes ». En effet, ce titre fait référence à un monument gallo-romain retrouvé en 1710, (ou 1711), lors de la réfection du cœur de Notre-Dame de Paris[1]. Ce monument, hélas retrouvé incomplet, est le plus ancien témoin du passé gallo-romain de Lutèce. Il se compose de plusieurs blocs sculptés, sur lesquels on peut reconnaître des dieux indigènes mêlés aux dieux du panthéon romain[2]. La dédicace en latin[3] permet de dater le monument avec précision du règne de Tibère (14-37 ap. J.-C.) et d’en connaître les commanditaires : la corporation des « Nautes Parisii ». Or ce monument, même si l’on ne sait plus précisément où il était érigé, a une très grande importance historique : il montre qu’au tout début du premier siècle après JC, 60 ans à peine après Alésia, les Parisii n’avaient pas disparu : au contraire, en plaçant leur panthéon au même niveau que le panthéon Romain, la société des Nautes, personne morale, comme nous dirions aujourd’hui, proclame la permanence de sa culture, au moment même où les derniers druides, interdits, disparaissent. Peut-être pouvons-nous avec témérité aller encore plus loin : au moment où le culte de l’Empereur devient le ciment de l’Empire, (ciment pauvre, en vérité !), ce culte officiel ne pouvait se substituer totalement aux anciens cultes « indigènes », et il affaiblit –en plus- les autres cultes traditionnels Romains. Il faut bien comprendre qu’à une religion impériale, obligatoire, essentiellement civique, dont les prêtres sont des magistrats, toute en rite, pauvre en doctrine et en éthique, tentée par le formalisme, bref, ne nourrissant qu’à la marge un appétit spirituel, les Parisii, (comme d’autres peuples de l’Empire), aient préféré conserver leurs cultes indigènes plus intimes, plus « authentiques » dirions-nous aujourd’hui, sans pour autant les mettre en concurrence avec le panthéon Romain, ce qui aurait pu être dangereux.

Les Nautes, une société de navigateurs discrets autant qu’ésotériques ? Vous avez bien choisi votre titulature ! Et, pour tout vous dire, le mystère s’épaissit lorsque l’on sait que les trois mots clé [PARISII, SEQVANA, LUTECIA (ou LUTETIA)] ont une origine très probablement beaucoup plus ancienne que l’on ne pense. D’ailleurs les auteurs anciens (Strabon, Jules César) utilisaient deux graphies pour nommer Lutèce, qui correspondaient à deux vocalisations. L’étymologie est incertaine, selon que l’on rapproche la racine de l’idée de blancheur, d’île blanche, ou bien de celle qui désigne une lumière dans des marais. Entre « l’Ile blanche » et « l’ile éclairée au sein des marais », (cette dernière étymologie étant confortée par la situation géographique), on se perd en conjecture[4].

La bièvre[i], (Biber en latin), doit son nom à un mot désignant un castor. La Bièvre prend sa source à Guyancourt, et se jette dans la seine après 35 Km de cours. Actuellement, la Bièvre est canalisée sur la plus grande partie de son parcours[5]. Dans l’antiquité, elle se jetait dans la seine par plusieurs bras qui formaient un vaste marécage. Labienus, le lieutenant de César, a été bloqué par ces marais lors de son attaque de Paris[6] en 52 avant JC, (et d’ailleurs également par d’autres marais formés sur un ancien bras de la Seine, sur la rive nord, du quai de la Rappée à la place de l’opéra), ce qui l’amena à contourner largement de nuit l’obstacle, donc à traverser la Seine en amont, puis à la retraverser en aval, (à Javel ?), pour pouvoir attaquer par surprise l’armée des parisis, les prenant à revers au sud-ouest, dans la plaine de Grenelle (ou au champ de mars), et à les vaincre.

Or, là où nous nous réunissons, nous sommes précisément au bord du petit bras vif de la Bièvre, sur sa berge, non loin du gué qui permettait le passage de l’antique voie conduisant à Melun et à Lyon. Cette voie passait près de Saint Médard, et remontait vers la place d’Italie, les rues actuelles rue Mouffetard et Avenue des Gobelins en ont conservé le tracé. A noter que le mot « Gobelin » dériverait du nom d’êtres surnaturels censés habiter dans les marais, ‘esprits follets, lutins), selon la mythologie celtique….Pourquoi pas ! Autre légende ? Gobalus, en latin désigne bien une sorte de génie domestique, souvent malfaisant, alors il n’est pas impossible que ce nom se soit substitué à un vocable gaulois et ait fini par se fixer sous la forme gobelinus. Par contre, il est prouvé qu’un certain Gilles Gobelin, teinturier de son état, vint s’installer tout près d’ici « sous le règne de François 1er », donc au XVème siècle. Il sera l’initiateur de ce qui deviendra plus tard la manufacture des Gobelins, dont les œuvres ont concurrencé celles des maîtres flamands. Dans tous les cas, nous nous trouvons dans un endroit symbolique, en bordure d’une rivière historique. Je ne reviens pas sur la symbolique classique de l’eau : ceux qui y sont sensibles ne peuvent qu’en ressentir l’influence bénéfique. Mais il existe un autre motif pour ressentir la magie de l’histoire : le miracle, effectué par Saint Marcel, évêque de Paris, lors de son combat avec le dragon.

Ce miracle est assez souvent oublié, et même les sites officiels de l’archevêché de Paris ne produisent qu’un court résumé, comme si cette histoire les ennuyait. Or la vie et les œuvres de Saint Marcel sont édifiants, au point que Saint Marcel constitue, avec Saint Denis et Sainte Geneviève, l’un des trois protecteurs tutélaires de Paris. L’eau constitue un fil directeur dans les trois cas : nous sommes à Paris, ville des Nautes ! St Denys lavant sa tête coupée dans une fontaine, Sainte Geneviève, terrassant (déjà) dans la Seine, la bête qui faisait couler les bateaux chargés de ravitailler Paris, et St Marcel, chassant le dragon de la Bièvre, ne constituent qu’une seule et même légende portant sur trois aspects spécifiques, dont les racines sont très anciennes. [ii]

Ce Temple se situe, je l’ai dit, sur la berge sud-est de la Bièvre. Nous sommes à l’extrémité d’une nécropole, qui s’est constitué dès le IVème siècle, et qui est le second de Lutèce, le premier cimetière attesté (et le plus ancien, IIème, IIIème siècles)[7]. Ici, des sondages ont confirmé l’existence de tombes du IVème-Vème-VIème siècle et deux chapelles plus récentes[8], dont l’une probablement là où nous sommes. J’y reviendrai. Attachons-nous d’abord à Saint Marcel….

Nous ne savons rien, ou presque, de l’évêque Marcel (Marcellus), 9ème évêque de Paris, prédécesseur de Saint Germain, celui qui convertira et baptisera une certaine Geneviève[9], qui deviendra patronne de Paris.

On ne sait rien ou presque des toutes premières églises chrétiennes de Paris. Entre les IIIème et Vème siècles, aucun document ne nous est parvenu, ce qui oblige à se référer à des écrits divers immédiatement postérieurs. Et ces témoignages (Vitae, chroniques mérovingiennes voire carolingiennes, donations, sinistres divers) abondent, mentionnant des édifices cultuels manifestement antérieurs, au minimum du IVème siècle. Les sources principales sont constituées par Grégoire de Tour (VIème siècle mort vers 594) et Venance Fortunat (VIème siècle, né vers 530 et mort vers 608). Fortunat et Grégoire de Tours se sont connus et estimés, et nous savons que la partie qui nous intéresse, la « Vita S. Marcelli »[10] est une commande du prédécesseur de Marcel au siège épiscopal de Paris : l’évêque Germain.

L’histoire que Fortunat nous compte ressemble à un conte de fée : il était une fois un enfant pauvre dans une famille pauvre qui habitait « in vicus », c’est-à-dire dans Paris même. Cet enfant découvrira très jeune sa vocation religieuse : il entrera dans les « ordres mineurs » comme « lecteur ». La suite ne dû pas être facile pour Marcel, vu son statut social. Le destin va lui envoyer un premier coup de pouce sous la forme d’une épreuve : mis au défi par un forgeron, Marcel saisit sans se brûler une barre de fer rouge, dont il évalue le poids avec exactitude. Remarqué, il accède aux « ordres majeurs », et est nommé « sous-diacre ». Ce sera le premier miracle.

Nommé sous-diacre, Marcel en accomplira trois autres : le premier consistera à aller chercher dans la Seine de l’eau pour que l’Evêque puisse se laver les mains avant l’office. L’eau puisée par Marcel se change subitement en vin, que le prélat utilisera pour la consécration. Le second est presque similaire : allant encore puiser de l’eau, celle-ci se transforme en chrême…. Un sous-diacre qui puise du chrême dans la Seine à la place de l’eau est assurément digne de devenir Evêque ! Le troisième est un peu plus difficile : il parvient à guérir son évêque d’une « extinction de voix », certes, obtenue par une mauvaise action. Ce dernier fait était probablement encore très connu des Parisiens, car Fortunat indique que « son auditoire ne lui pardonnerait pas de l’avoir oublié ». Il est clair que Marcel était digne de conduire le troupeau du Seigneur, puisqu’il avait rendu la santé, et surtout la parole, au berger qui présidait aux destinées des fidèles.

Et justement, Marcel est consacré Evêque de Paris, mais si Fortunat l’indique, incidemment, il ne nous donne aucun détails sur cette consécration. Cette absence, volontaire, est l’un des signes qui permettent de comprendre que le récit comporte un contenu ésotérique, car devenir Evêque n’est pas le but de la légende, ce n’est qu’une étape, je dirai qu’au travers de sa progression, il a « simplement » reçu ses armes spirituelles pour affronter l’ultime épreuve.

Or, il se trouve que dans le bourg qui s’est construit autour du gué sur la Bièvre, vivait une dame mariée, qui avait –dit-on- de nombreuses aventures extra-conjugales, ce qui, à cette époque, constitue un péché mortel. Cette matrone décède, est inhumée dans un caveau, et on constate très vite qu’un dragon, ou un serpent, tous les jours vient dans la tombe dévorer le cadavre petit à petit. On fait appel alors à Saint Marcel, qui vainc miraculeusement le monstre.

Il faut se rappeler qu’à cette époque, rien n’existait dans la vie en dehors de la religion, qui était omniprésente et rythmait le quotidien. La légende de Saint Marcel s’inscrit dans ce contexte. Et tout d’abord, remarquons que la trame de ce récit n’est que celle d’un mythe grec, celui de Persée tuant le dragon pour délivrer Andromède… Voici ce que nous trouvons dans le dictionnaire de la mythologie et des antiquités[11], p. 57 :

« Andromède, fille de Céphée, roi d’Ethiopie, et de Cassiopée. L’orgueil de sa mère, qui se vantait partout de sa beauté, irrita les Dieux qui envoyèrent un monstre marin pour ravager le pays. L’oracle consulté répondit que pour faire cesser ce fléau, il fallait livrer Andromède au monstre. Celle-ci, abandonnée par ses parents, fut conduite au bord de la mer et enchaînée à un rocher. C’est alors que survint Persée, qui la vit, tomba amoureux, et tua le monstre avec l’aide d’Hermès et d’Héphaïstos, et épousa Andromède ». Revenons à Marcel… Et regardons de près.

Marcel, nous dit-on, est de pauvre naissance, ni noble, ni aristocrate, mais c’est un autochtone, un parisien. Cette humble naissance joue un rôle dans le scénario du conte : la main de Dieu n’a pas choisi un noble ou une riche famille, mais, au contraire, Dieu va permettre à un humble fidèle de devenir évêque, en le distinguant, d’abord, en lui permettant de triompher. Dieu n’en fera pas un prélat plein de gloire, Marcel va devoir accomplir une humble ascension initiatique. Pour se faire, il devra accomplir des travaux qui seront l’occasion de montrer qu’il dispose d’autant d’armes morales, lui offrant la possibilité d’accomplir le seul combat important mais à venir : battre le dragon des marais. L’initiation de Marcel s’effectuera en trois stations :

Marcel quitte sa famille et devient Lecteur, premier grade des ordres mineurs. Il est dans une position subalterne, voué au silence, mais c’est sa volonté d’entreprendre sa quête, de quitter le cocon de sa famille, sur laquelle par ailleurs on ne sait rien, sauf qu’elle est pauvre. C’est une sorte d’appel intérieur lié à la foi qui le pousse. Le voilà « Apprenti ».

Marcel subit sa première épreuve et devient sous-diacre. Le premier miracle tire Marcel de l’obscurité de son humble condition. Un jour, mis au défi par un forgeron, Marcel prend à pleine main une barre de fer rouge, dont il indique le poids avec précision, sans que n’apparaisse aucune brûlure. On appelle ce genre d’épreuve une « ordalie », un jugement de Dieu…. Iseult la Blonde en a subit une, devant le Roi Arthur, son mari, pour faire la preuve de sa chasteté devant les barons. Curieux quand même que Dieu oblige son candidat à subir ce type d’épreuve, car ici, le dragon, qui est le seul vrai combat (à venir) de la légende, ne crache pas du feu : c’est un « simple » dragon d’eau. Impossible donc d’affirmer que cette épreuve vise à prouver que Marcel éteint le feu des passions ! Marcel est au contraire un « héros froid », moralement et théologiquement, il est « de glace », froid, chaste, et il sait peser avec discernement, il est donc juste. Mesuré, appliqué, non influençable émotionnellement, il remplit explicitement les conditions pour être élevé au grade supérieur de sous-diacre. Ce qui sera fait. le voilà « Compagnon ».

Les trois miracles et la consécration comme évêque. La troisième marche de cette véritable initiation se décompose en trois épreuves, dont une est dédoublée. Ici, Marcel ne demande rien, il fait son travail de sous-diacre avec application, c’est Dieu qui va prendre l’initiative, afin que personne ne doute que Marcel est un élu, qui disposera des armes de Dieu lui-même à l’occasion de son combat eschatologique, combat qui revêtira une très grande importance, on le verra plus loin. Les deux premiers miracles concernent le changement de l’eau en vin puis l’eau en chrême. Ces miracles nous obligent à faire un rapprochement avec Jésus, qui est oint (c’est le sens du mot christos en grec), a changé l’eau en vin à l’occasion des noces de Canaa. On ne peut pas mieux nous indiquer que Marcel dispose (ou possède) d’une puissance thaumaturgique qui lui vient de Jésus. Le troisième miracle donne lieu à un récit circonstancié de Fortunat. Son supérieur, l’archidiacre, avait choisi pour chanter à la messe un autre enfant que celui sélectionné par l’Evêque. Furieux, celui-ci fait fouetter le protégé de l’archidiacre, mais au premier cri de douleur de l’enfant, l’Evêque perd la voix. Or la prédication est très importante à cette époque, c’est l’une des tâches essentielles d’un pontife ! Marcel s’avance alors et dit respectueusement à son Evêque : « Quoique je comprenne, bon pasteur, que cet accident est la conséquence d’un péché, ce que tu veux, au nom du Seigneur, exprime-le par la parole »[12]. L’Evêque retrouve instantanément la voix…. « La parole de Saint Marcel était vraiment digne de guider le troupeau du Seigneur, elle qui avait rendu la santé au pasteur »[13]. Marcel sera consacré évêque, dans des conditions et des circonstances que Fortunat n’indique pas, et qui importent peu ici, car cet évènement n’est pas la fin du conte. Le lecteur ne doit pas s’y tromper. Vous aurez peut-être remarqué au passage le parallélisme des miracles avec des sacrements chrétiens, eucharistie, baptême, confirmation. Enfin, le dernier des trois miracles fait référence explicite au péché : le pécheur subit une incapacité physique du fait de sa faute, et, du coup, place toute la communauté dans le trouble et l’erreur. Or c’est très exactement le sens de ce mythe, le lien avec la suite.

La victoire sur le dragon. Marcel est devenu Evêque de Paris. Son siège épiscopal n’est pas du côté de la Bièvre, mais dans sa cathédrale, cette senior ecclesia ‘in vicus’ dont parle Grégoire de Tours, qui ne peut être que « Notre Dame de Lutèce », dans l’île de la cité, le mot « senior » ayant ici le sens d’ancien[14]. Marcel guide le troupeau des parisiens, dont il doit assurer la vie spirituelle. Or justement, un incident survint en pleine messe, à peine Marcel consacré. Un fidèle, qui s’avançait pour communier s’immobilisa brusquement, paralysé, les mains comme liées derrière le dos. Marcel interrompt l’office et lui demande ce qui se passe. L’homme répond qu’il ne peut plus avancer car il a péché… Marcel lui dit : « Viens, approche-toi et ne pèche plus désormais »[15]. L’homme s’avance aussitôt et communie. Donc, par sa parole, Marcel délivre un homme frappé d’incapacité physique, comme dans un miracle précédent, mais en plus il absout le péché, source de la maladie. Le miracle s’est déroulé dans la communauté des fidèles à l’intérieur de la cité, et à l’intérieur du pécheur. Marcel triomphe du mal intérieur, et seuls son onction d’évêque et son amour permettent ce triomphe. Il est désormais prêt pour le combat ultime, contre le mal extérieur, et quel mal, contre un dragon. Or le dragon symbolise souvent les passions, l’orgueil, l’ambition. Quel suspense ! Mais Marcel a été choisi par Dieu, nous l’avons vu, alors l’issue ne fait aucun doute.

Nous atteignons le point culminant du récit. Une matrone, ayant commis le péché d’adultère à de nombreuses reprises décède, est enterrée dans un tombeau, et un monstre, un serpent ou un dragon, c’est en fait la même chose[16], surtout dans un marais, entreprend de venir la dévorer. Des témoins de cette scène macabre, effrayés autant qu’horrifiés, informent Marcel, leur évêque. Ce monstre en fait, ne vit pas dans la Bièvre, mais dans la foret, d’où il sort pour dévorer le cadavre, puis il retourne dans son antre. Ce « dragon » est bien particulier : il ne crache pas du feu, et il n’est qu’une pâle allégorie du diable, même s’il fait partie de ce que l’on pourrait appeler les « forces du mal ». Il ne peut même pas être comparé à ces « dragons des marais », qui symbolisent depuis l’antiquité les mères dévorantes ou les femmes fatales : il ne crache pas de feu, et ne s’en prend qu’à la pécheresse. Pour les anciens, les dragons avaient une existence réelle : un dragon n’est-t-il pas peint, d’après Homère, sur le bouclier d’Agamemnon[17] ? N’est-ce pas un dragon qui protégeait la Toison d’Or ? Pline l’ancien, dans son histoire naturelle, atteste de l’existence des dragons. Notre dragon ne représente pas le mal absolu, c’est ici juste une bête sauvage qui cause du désordre, dans l’espace humanisé qui entoure la ville, espace conquis sur la nature sauvage, et qui doit seulement (si je peux dire), être domptée et renvoyée dans son domaine propre. Et même Haussmann, lorsqu’il a passé commande de la fontaine Saint Michel, a su respecter le contexte particulier du dragon de la Bièvre, en mettant en scène des monstres aquatiques et un Michel archange dont le glaive n’est pas menaçant….

Marcel, donc, sait qu’il doit intervenir, mais il sait aussi qu’il triomphera. Fortunat nous raconte qu’il sortit de la ville, après avoir rassemblé toute la population, et, au vu de tous, il s’avance seul à la rencontre du dragon. Celui-ci ne tente rien, il a compris instinctivement qu’il est dominé, il courbe l’échine. Marcel lui donne d’abord trois coups de bâton (son bâton de Pasteur) sur la tête, puis lui passe son étole autour du cou et l’emmène au loin, à plus de trois milles, puis le libère en lui intimant l’ordre de ne plus revenir, le tout publiquement devant l’assemblée des Parisiens, augmenté des habitants « hors les murs ».

Notre Dragon appartient aux forces naturelles de cette « nature » que l’Homme ne maîtrise pas. Mais comme toutes les bêtes sauvages, il peut être dominé. C’est pourquoi Marcel, (comme le Saint Michel de la fontaine), ne cherche pas à le détruire, juste à le renvoyer là d’où il n’aurait jamais dû sortir. Et cet endroit est très exactement le contraire de la ville. Si le dragon est sorti de son habitat naturel, c’est parce qu’une matrone avait gravement fauté. Par son comportement, elle avait aboli la frontière fragile entre la civilisation et barbarie. Cela signifie qu’il existe donc une limite à l’assouvissement des désirs. Le dragon venait pour dévorer un cadavre, or, malgré ses péchés, la matrone avait été inhumée religieusement, elle avait eu des funérailles et un tombeau convenables. Ses proches, ses voisins, sont donc explicitement hors de cause. Seulement voilà, et c’est la seconde leçon de la légende, les pécheurs n’ont pas droit au repos éternel ! Son corps dévoré par morceaux, la matrone erre selon les fantaisies de celui qui l’engloutit, et en plus, le cadavre est morcelé : l’unité est morcelée, éparse. Ce qui compromet non seulement son repos éternel, mais aussi sa résurrection à la fin des temps. Et si l’on n’y prend garde, c’est le sort qui peut échoir à toute la communauté, c’est la troisième leçon ! Mais il y a encore beaucoup plus ! En effet, Fortunat n’insiste pas sur le sort de la pécheresse : elle n’est citée que comme trame d’une histoire qui la dépasse, et dont il faut la délivrer, car cette histoire concerne toute la communauté des chrétiens. En intervenant, Marcel sauve les parisiens dans deux domaines ontologiques distincts mais connexes. D’abord, par la peur qu’il provoque, le dragon fait fuir ceux qui le voient : c’est le recul de la civilisation humaine devant la sauvagerie de la nature. Une notion presque moderne ! Ensuite, le dragon trouble le repos des morts : ce qui est en cause, c’est l’espoir, pour les vivants de procurer aux défunts et à eux-mêmes, la sécurité dans la mort, et la possibilité de survie après la mort, dont Jésus a fait promesse. Ainsi, Marcel, Evêque de Paris, en thaumaturge spirituel, rétablit la frontière, mise à mal par la pécheresse. Et cette frontière est d’ordre morale, spirituelle, c’est la loi qui borne les désirs naturels, qui vous amène à vous connaître vous-mêmes, pour mieux faire éclore le Bien et l’amour. Et cette protection, Marcel nous l’affirme, ne s’arrête pas aux vivants : elle concerne aussi l’éternité des morts. Comme l’affirmait l’écrivain Polonais Stanislas LEM, « Comme tout le monde le sait, il n’y a pas de dragons. Cette constatation suffit peut-être à un esprit simple, mais non à la science ».

Cette légende est exemplaire à plus d’un titre. Elle tire sa trame d’une histoire beaucoup plus ancien, et, dans le langage de son époque, elle offre à manger à celui qui a faim, et à boire à celui qui a soif. Elle nous plonge dans cet ésotérisme chrétien dont nous ne soupçonnons pas l’importance, et elle trace un chemin dont Saint Denys est l’origine, et, plus tard, Sainte Geneviève le dernier maillon. Je veux dire par là que le lien, entre Paris, Denys, Marcel et Geneviève est l’eau, cette eau du fleuve-déesse Sequana, eau qui désaltère, eau lustrale, eau de la Vie, mais aussi eau qui noie, qui peut devenir boueuse, et par métaphore, eau qui coule en nous.

Marcel est humble, dit-on, moi, je pencherai pour « libre et de bonnes mœurs ». Sa grâce se manifeste par une volonté, celle d’apprendre, de sortir de sa condition, mais aussi de se mettre en situation d’aider les autres, sans orgueil ni ambition. Les épreuves qui vont lui arriver, il ne les a pas choisies, elles apparaissent envoyées par Dieu, Marcel triomphe, à chaque fois sans calcul. C’est un homme ordinaire qui a foi en son destin, et on pourrait s’interroger sur le sens à donner à cette foi[18], si Fortunat n’était tributaire du contexte religieux de son époque. Ce conte est parfaitement initiatique : Fortunat devait avoir en tête les cinq points de théologie portant sur le salut et la grâce :

-La prédestination et l’élection de l’Homme ;

-La rédemption ;

-La corruption originelle ;

-la conversion à Dieu ;

-L’irréversibilité et l’universalité de cette conversion.

Or, cinq, c’est le chiffre de l’Homme par excellence, nombre connu au Vème-VIème siècles, nous ne sommes pas en présence d’un hasard ! D’ailleurs, le hasard n’est-il pas, comme le chante Saint Augustin dans les « Confessions », « …le manteau de Dieu qui voyage incognito ? ». Certains d’entre nous, les plus gradés, se demanderont s’il y a un rapport avec cinq points parfaits du Maître, l’histoire nous apprenant qu’ils dérivent, au XVIème-XVIIème siècle du compagnonnage[19]. Et, sans sortir du contexte qui vit naître et vivre cette légende, les plus instruits sauront en extraire la substantifique moelle :

-1- Oui, l’Homme est prédestiné. Il n’est qu’un animal au sommet d’une création, Dieu lui a donné le souffle[20]. En être convaincu permet d’affronter sans crainte ni mal l’épreuve du feu et de la pesée. Le feu des passions est froid pour qui l’âme est pure. Marcel est un enfant de Paris qui possède les qualités qui le font distinguer …..

-2- Oui, tout est dans tout et contenu dans tout. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. L’immanence permet de supporter, mais la transcendance rend possible le redressement, le changement de paradigme, d’eau en vin. Vin, nourriture symbolique de l’esprit.

-3- Oui, cette grâce qui unit l’immanence (horizontale) et la transcendance (verticale) est universelle : l’eau peut alors se changer en huile sainte, autre liquide qui universalise aux dimensions du Cosmos le message. Marcel se situe au centre de cette croix.

-4- Oui, elle est régénératrice, elle guérit le corps et permet de tourner sans tricher la page dès lors que l’on reconnait ses torts, ses défauts, lucidement, et que l’on corrige sa conscience en conséquence. Connais-toi toi-même…..

-5- Oui, l’Homme peut dès ce monde cueillir les fruits de cette grâce…. Le péché, l’orgueil, l’ambition soustrait l’Homme à ses semblables et à Dieu. Ces fautes, qui sont autant de maladies de l’âme, il n’appartient qu’à celui qui les a commises d’en demander la guérison, pour revenir par la foi à la communion de ses semblables….

Belle leçon en vérité. Je comprends que Germain ait demandé à Fortunat de la mettre par écrit pour la postérité !

Et ce sera le mot de la fin.

J’ai dit.

NOTES :

[1] Il s’agissait de réaliser le vœu de Louis XIII.

[2] Par exemple Zeus Sérapis, ou Jupiter, Vulcain, Mars, Mercure, Vénus, représentés à égalité avec le panthéon gaulois (Esus, Tarvos, Trigaranus [Taureau aux 3 grues], Cernunos, Smertrios [Dieu au serpent]), Musée de Cluny, Paris.

[3] « Sous Tibère César Auguste, à Jupiter très bon, très grand, les Nautes du territoire des Parisii, aux frais de leur caisse commune ont érigé [ce monument] ». En latin : TIB·CAESARE / AVG·IOVI·OPTVM / MAXSVMO·??? / NAVTAE·PARISIACI / PVBLICE·POSIERV/ ·NT·

[4] Cf. : Paul Marie DUVAL, PARIS ANTIQUE, Paris 1961, éditions PICARD, p. 74 et suivantes.

[5] Actuellement, il existe un projet de découverte de la Bièvre à Gentilly.

[6] De Bello Gallico, livre VII.

[7] Entre la rue St Jacques et la rue Barbusse, au droit du Val de Grâce. Les limites exactes sont inconnues. Notons que les fouilles menées en 1950 rue Pierre Nicole ont permis de retrouver une stratigraphie complète, continue et la totalité des types de poterie locale Parisienne entre le premier siècle et …. Le XVIIIème siècle !

[8] Saint Eleuthère et Saint Rustique, dont les noms évoquent irrésistiblement Dionysos !

[9] La rencontre entre Germain et Geneviève aurait eu lieu à l’église Saint Germain de Charonne, mais il est douteux que cette église ait existé dès cette époque.

[10] Venanzio Fortunato, Vite dei santi Paterno e Marcello. Introduction, commentary, and translation by Paola Santorelli. Collana di Studi latini, n.s. 88. Napoli: Paolo Loffredo Iniziative Editoriali Srl, 2015. Pp. 175. Hardback. ISBN 978-88-99306-08-3. Marcel de Paris (BHL 5248). Traduction en français par l’EPHE.

[11] Dictionnaire de mythologie, Pierre LAVEDAN, Paris 1931, Hachette éditeur.

[12] « Tunc beatus Marcellus his verbis appellat pontificem : ‘Licet intellegam, pastor bone, tibi talem casum de culpa venisse, tamen quidquid vis in nomine Domini sermone prorumpe’ ».

[13] « Vere dignus beati Marcelli sermo ut gregem Domini regeret qui dedit pastori salutem ».

[14] Il n’est pas possible ici d’aborder le problème de la localisation des quatre « senior ecclesia », mais l’une d’entre elles est dans la cité, et on sait par un autre texte que le premier groupe épiscopal réunissait classiquement dans l’île de la cité trois églises, Notre Dame (Basilique), Saint Etienne, et Saint Jean-Baptiste. Or on a retrouvé sous l’actuelle cathédrale Notre Dame de Paris et sous le parvis les fondations de ces édifices. Inutile donc de chercher une autre localisation.

[15] « Veni, accede et ultra non pecces ». Ces propos renvoient à (Jn 8, 11). Or justement, dans ce passage, Jésus s’adresse à la femme adultère….

[16] Rappelons ici qu’un dragon est un serpent ailé de grande taille. Fortunat utilise indifféremment pour le qualifier divers termes propres aux serpents, d’autres, dont « draco », propre aux dragons.

[17] Chant XI de l’Iliade : « le bouclier d’Agamemnon est orné d’un dragon bleu tricéphale ».

[18] Par exemple, on pourrait définir la foi comme conséquence du bien qui résulte des devoirs…. Une foi n’est donc pas uniquement conditionnée par une relation à Dieu. C’est le sens moderne de l’encyclique « ratio et fides ». La « raison » n’est pas subordonnée à la foi….

[19] Sur ce sujet, Roger DACHEZ, Hiram et ses frères, éditions Véga, Paris 2010.

[20] Voir sur ce point (Genèse, 2, 4-7).

[i] Voici ce que publie –sous sa responsabilité- l’Eglise St Marcel sur l’origine de la Bièvre : « Un mythe antique évoque ainsi la création du cours d’eau. Ou plutôt pseudo-antique, inventé en 1611 par le poète Raoul Boutrays dans un texte en latin intitulé Lutetia. Il y raconte qu’un Troyen nommé Arcolius rencontra un jour une jeune et belle nymphe appelée Gentilia tout entière dévouée à la chasse. Évidemment, Arcolius succombe à sa grande beauté et poursuit la demoiselle pour en faire la conquête. « Il est près de l’atteindre lorsqu’elle invoque Diane, sa bonne déesse, et la conjure de sauver sa virginité » détaille S. Dupain, « ancien administrateur de la préfecture de la Seine » dans son ouvrage « La Bièvre », publié en 1886. « Sa prière est exaucée, reprend-il, elle est changée en une charmante fontaine et le jeune audacieux n’embrasse qu’une onde qui lui échappe encore. » En souvenir, le Troyen décide d’élever « des arcs majestueux » au-dessus de la rivière, une évocation du premier aqueduc construit sur la Bièvre à Arcueil (d’où Arcolius), juste avant qu’elle arrive à Gentilly (d’où Gentilia) ».

[ii] Un évêque tueur de lézard.

La légende la plus fameuse concernant la Bièvre est sans conteste celle de son dragon. Le monstre redoutable est censé avoir habité aux abords de la rivière, bien avant l’essor de Paris, dans ce qui était encore des terres humides et hostiles. Heureusement, au IVe siècle après Jésus-Christ, l’évêque Marcel aurait mis fin au règne de la bête. L’homme d’église, né dans une humble famille qui logeait près du Petit-Pont à Paris, terrassa le dragon en le frappant de sa crosse (un à trois coups, selon les versions). Il aurait alors laissé au monstre le choix de « rester dans le désert ou de se cacher dans l’eau » comme l’écrit Venance Fortunat, poète liturgique du VIe siècle. Le dragon aurait choisi la Bièvre et Marcel a été canonisé pour son exploit.

 

Ce mythe est loin d’être le seul à mettre en scène l’affrontement entre un saint et un dragon. L’évêque Marcel s’inscrit ainsi dans la tradition des saints sauroctones (littéralement « tueurs de lézards » en grec ancien) qui ont fleuri dans les premiers temps du christianisme. Nombre de religieux sont ainsi censés avoir dominé des dragons : autant d’allégories de la victoire du Bien sur le Mal, mais aussi de mythes fondateurs de diverses localités après que l’homme a réussi à dompter la nature. Le dragon battu par Saint-Marcel ne serait ainsi que la métaphore d’une Bièvre domestiquée par l’homme. Le Parisien 27 Aout 2013

Texte disponible dans l’Eglise Saint Marcel :

MARCEL DE PARIS

Évêque, Saint

V siècle

  1. Marcel naquit à Paris, de parents d’une condition médiocre. La pureté, la modestie, la douceur, la charité, la mortification furent les vertus qui le caractérisèrent dès son enfance. Toute sa conduite était si sainte, dit l’auteur de sa vie, qu’il paraissait n’avoir rien de commun avec le monde, et ne pas même connaître les penchants de la chair. La gravité de ses mœurs, et ses progrès dans les saintes lettres le rendirent extrêmement cher à Prudence, évêque de Paris. Aussi ce prélat, sans avoir égard à la jeunesse de Marcel, l’ordonna-1-il lecteur de son église. On dit que depuis ce temps-là, notre Saint prouva en diverses occasions, que Dieu l’avait favorisé du don des miracles. Il fut élevé ensuite à la prêtrise, et, après la mort de Prudence, tous les suffrages se réunirent pour le placer sur le siège de Paris. Comme il n’avait accepté cette dignité qu’en tremblant, il ne cessa de veiller sur lui-même avec la plus grande exactitude, et il s’acquitta de toutes ses fonctions avec un zèle infatigable. On lit dans sa vie, qu’il délivra le pays d’un serpent qui s’était retiré dans le tombeau d’une femme adultère. Mais celui qui a rédigé cette vie, écrivait près de 200 ans après la mort du Saint, ne vivait pas sur les lieux, et paraît fonder uniquement son récit sur une tradition populaire.

Saint Marcel mourut au commencement du cinquième siècle, le 1 de Novembre, jour auquel il est nommé dans le martyrologe romain, quoiqu’on ne célèbre sa fête à Paris que le 3 du même mois. Il fut enterré dans un village qui était à un quart de lieue de la ville, mais qui en fait aujourd’hui partie, sous le nom de faubourg Saint-Marcel ou Saint-Marceau. Du temps de Louis-le-Débonnaire, ou de Charles-le-Chauve, on bâtit une église sous son invocation, laquelle, après diverses réparations, subsiste encore, et est desservie par un chapitre de chanoines. On en tira depuis ses reliques, pour les transporter dans la cathédrale, qui se glorifie de posséder ce précieux trésor.

 

C.E.F. (Conférence des Evêques de France).

MARCEL : Evêque de Paris (4ème s.)

Saint Venance Fortunat en écrivant sa vie précisait: « La plupart de ses actions ont été dérobées par la jalousie du temps ». Ce qui ne l’empêche pas de citer quelques faits merveilleux de sa douceur et de sa miséricorde à l’égard des pécheurs. Il dit également de lui : « Il s’appliquait avec une ferveur admirable à toutes les fonctions de sa charge, à la conversion des pécheurs, à l’instruction des ignorants, à la visite des malades, au secours des prisonniers. Il travaillait à entretenir l’amitié entre tous ses fidèles ». Celui qui fut un des grands évêques de Paris naquit dans une humble famille, près du Petit-Pont, non loin de l’emplacement actuel de Notre-Dame. L’histoire retient de saint Marcel qu’il présida le concile qui se réunit à Paris en 360-361. Les évêques des Gaules y proclamèrent solennellement leur foi en la divinité du Christ telle que l’avait définie le premier concile de Nicée en 325. Saint Hilaire de Poitiers, revenu d’exil, participait à ce concile, lui qui avait été un des plus ardents défenseurs de la foi de Nicée face à l’arianisme. Cependant, au travers des épisodes « légendaires » comme celui du dragon qu’il combat, nous entrevoyons sa personnalité : « Il rassemble le peuple de la Cité et marche à sa tête ». L’administration romaine n’existe pratiquement plus, ébranlée par les invasions barbares. Saint Marcel prend le relais des institutions défaillantes. Il s’oppose aux bandes armées, il assainit les marais des bords de la Bièvre, il est proche des petites gens qui sont encore païens pour la plupart. « La vitalité de Paris et de son Église, dans les siècles qui suivent, repose en grande partie sur son œuvre ».

Neuvième évêque de Paris. Notre église, comme notre quartier, porte le nom de cet évêque de Paris, mort en 436, qui avait lui-même choisi, pour lieu de sépulture, un emplacement situé à l’angle sud que forment aujourd’hui le boulevard Saint-Marcel et l’avenue des Gobelins, en bordure de l’ancienne voie romaine.

… Son tombeau devint rapidement un lieu de pèlerinage et les chrétiens de Lutèce prirent l’habitude de dire « On va à Saint-Marcel » … Saint Marcel demeure, avec Saint Denis et Sainte Geneviève, l’un des trois protecteurs de Lutèce. Ses reliques sont contenues dans un reliquaire placé sous la tribune de notre église. (source: paroisse Saint Marcel – Paris)

Marcel naît à Paris, rue de la Calandre (détruite par Haussmann). Nous le connaissons surtout par des légendes. Il aurait réalisé dès sa jeunesse toute une série de prodiges et de guérisons miraculeuses. Un exploit a particulièrement marqué la mémoire collective : alors qu’un énorme serpent du marais de Bièvre vient de dévorer le cadavre d’une pécheresse enterrée en grande pompe, l’évêque l’admoneste et se sert de son étole en guise de licou. Il purge la ville, entraînant le monstre dehors au soulagement des habitants. Ce monstre est l’image du mal combattu par saint Marcel… (diocèse de Paris)

À Paris, à la fin du IVe siècle, saint Marcel, évêque.

(Martyrologe romain).